Déflagrations : dessins d’enfants, guerre d’adultes
Ce projet de livre et d’exposition mené par l’association Zérane Confluence Artistique , dont l’UNICEF est partenaire, propose une plongée dans plus d’un siècle de violences, par le biais d’une collection de dessins d’enfants, courant de la Première Guerre mondiale au conflit syrien.
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Inlassablement, Zérane Girardeau a collecté des dessins d’enfants, pour donner corps au silence assourdissant entourant les enfants de la guerre. Un siècle de témoignages de ces “petites” victimes des violences de masse, sur lesquels se sont penchés des historiens, des psychologues, des artistes, des juristes, des humanitaires, des journalistes. Pour y penser, ensemble.
Derrière chaque dessin, il y a une petite main, un œil, le destin de quelqu’un.
On estime à près de 250 millions le nombre d’enfants dans le monde grandissant dans des zones touchées par des conflits. Près de 125 millions d’entre eux sont directement impactés par la violence.
Déplacés ou réfugiés avec ou sans leur famille, enrôlés par des groupes armés, subissant des actes de violence sexuelle ou de torture, témoins d’homicides, de décès, de blessures infligées à eux-mêmes ou à leur famille : quelle que soit la façon dont les enfants sont exposés à ces violences de masse, ils sont extrêmement vulnérables, en raison de leur âge et de leur dépendance aux adultes.
CRISE RÉGIONALE DU NIGERIA
A la suite des attaques menées par le groupe Boko Haram, des milliers de personnes, parmi lesquelles une majorité de femmes et d’enfants, ont trouvé refuge dans l’extrême sud-est du Niger, sur les îles du lac Tchad, Bosso, et certaines localités de la région de Diffa. Au Niger, l’UNICEF et l’ONG COOPI ont mis en place, à partir de juin 2014, un dispositif itinérant d’appui psychosocial destiné aux populations réfugiées de Diffa et du lac Tchad. Parmi les activités de soutien, le dessin.
DESSIN DE GAUCHE / Niger, 2014. Dessin d’une fillette de 7 ans, originaire de Damassak (Nigéria) et réfugiée dans le camp de Gagamari au Niger à la suite des attaques du groupe Boko Haram. “J’ai vu des hommes tués par balles, des têtes de gens jetées, des femmes et enfants qui courent partout. Des gens qui tombent dans l’eau, des bombes jetées sur les maisons et les boutiques, le marché brulé.”
DESSIN DE DROITE / Niger, 2014. Dessin d’une petite fille de 6 ans, originaire de Damassak (Nigéria) et réfugiée dans le camp de Gagamari au Niger à la suite des attaques du groupe Boko Haram. “J’ai vu des cadavres par terre, des feux partout. Une tête coupée avec du sang. Des animaux qui courent et qui pleurent.”
Au Tchad, les Espaces Amis des Enfants, qui constituent l’une des réponses de l’UNICEF aux situations d’urgence humanitaire, permettent de créer un environnement quelque peu sécurisant pour les enfants, leur faisant prendre part à des activités ludiques, encourageant la socialisation entre pairs. C’est également un lieu d’expression où les enfants peuvent, notamment grâce au dessin et avec l’aide de médiateurs, témoigner de leur vécu.
Tchad, région du Lac, décembre 2016. Ce dessin est celui d’un jeune garçon nigérian de 17 ans, réfugié dan le camp de Dar es Salaam au Tchad. Il a fui les violences perpétrées par le groupe Boko Haram.
Tchad, décembre 2016. Ce dessin est celui d’un jeune garçon nigérian de 17 ans, réfugié dan le camp de Dar es Salaam au Tchad. Il a fui les violences perpétrées par le groupe Boko Haram.
CRISE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
En 2013, au pic de cette crise qui dure depuis 2006, ce sont près de 500 000 enfants qui ont été déplacés, la plupart du fait de leur origine géographique, ou de leur pratique religieuse.
Ces dessins ont été réalisés dans l’Espace Ami des Enfants du camp de déplacés de Bossangoa.
PAGE GAUCHE / République centrafricaine, 2013. Dessin réalisé par une enfant de 13 ans, déplacée dans le camp de Bossangoa.
Monique Chemillier-Gendreau répond ici au dessin, dans le texte à lire sur la partie droite. Juriste et professeure émérite de droit public et de science politique à l’université Denis-Diderot Paris-7, elle est une grande praticienne du droit auprès des juridictions internationales et militante des droits de l’homme
République centrafricaine, 2013. Fragment de dessin réalisé par un garçon de 14 ans, déplacé dans le camp de Bossangoa.
CRISE EN RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Ces dessins ont été réalisés dans un Espace Ami des Enfants au camp de déplacés de Mugunga III dans la périphérie de Goma en décembre 2012. Les enfants qui ont fait ces dessins ont été déplacés de leur village à cause de la guerre déclenchée par le M23 an avril 2012.
République démocratique du Congo, décembre 2012. Fragment de dessin réalisé par une jeune fille de 18 ans, déplacée dans le camp de Mugunga, près de Goma.
République démocratique du Congo, décembre 2012. Dessin réalisé par un enfant de 14 ans, déplacé dans le camp de Mugunga, près de Goma.
DESSIN DE GAUCHE / République démocratique du Congo, 2012. Dessin réalisé par un enfant de 16 ans, déplacé dans le camp de Mugunga, dans la périphérie de Goma.
DESSIN DE DROITE/ République démocratique du Congo, 2012. Dessin réalisé par un enfant de 17 ans, déplacé dans le camp de Mugunga, près de Goma.
Zérane Confluence artistique présente l’exposition “Déflagrations. Dessins d’enfants, guerres d’adultes” à la Médiathèque André Malraux de Strasbourg du 6 octobre au 16 décembre 2017.
Zérane Confluence artistique est une association ayant pour objet de promouvoir les rencontres avec les arts contemporains par la conception et la production d’expositions et installations avec leurs événements associés. L’association s’engage sur des enjeux sociétaux, historiques, éthiques, sociaux, philosophiques. Chaque création est le lieu d’une rencontre entre des artistes plasticiens et des écrivains, sociologues, poètes, philosophes, scientifiques, historiens, politologues… des musiciens et interprètes ; autant de témoins pour emmêler les quêtes et les gestes. Pour un appel au respect des droits du vivant.
